Au printemps 2021, l'opération d'extradition visant à
expulser dix hommes et femmes vers l'Italie avait été nommée "Ombres
rouges". Nous l'avions dit alors, avec force : ces exilé-es ne sont pas des
"ombres" pour nous. Ce sont des personnes qui ont connu quarante ans d'exil
et ont construit leur vie ici. Leurs condamnations étaient tombées comme des
couperets dans des conditions de répression féroce, marquée par de nombreux
enfermements sans jugements, sur la foi d'enquêtes hasardeuses, après dix
années de luttes sociales et ouvrières.
La législation d’exception qui s'était alors mise en place sous l'égide de
l'État italien avait été vivement dénoncée par Amnesty International et
d’autres organisations de droits humains. C'est sur cette base que la France
avait décidé de ne pas extrader celles et ceux qui s’étaient réfugié-es sur
son territoire, sous condition d’abandon de toute activité illégale.
Aujourd'hui,
l'acharnement d'Emmanuel Macron à vouloir extrader ces hommes et ces femmes
en Italie où les attend la prison à vie est indigne. Souhaiter les voir
mourir en prison quarante années après les faits est d'une rare cruauté.
L'attachement élémentaire aux droits humains et tout simplement le sens de
la dignité imposent de renoncer à cet acharnement, au contraire.
Pour la suspension des extraditions, pour l'arrêt des poursuites, pour leur
liberté : j'assure celles et ceux qui sont ainsi visé-es de toute ma
solidarité.
Ludivine Bantigny